Le temps des solides

Cette ChouChou > Materner au quotidien

Que d’humour hein, n’est-ce pas.

A bientôt 8 mois, ma fille est (encoooooooooore?!?!?) allaitée à la demande, et découvre depuis bientôt deux mois, avec un plaisir non dissimulé, les joies des choses qui se mâchent, se sucent, se grignotent. Non pas qu’on se soit dit « bon, ayé, elle a 6 mois, on diversifie », mais elle commençait depuis l’âge de 5 mois à manifester un intérêt certain pour le contenu de nos assiettes ou tout simplement pour les bouts de pain qu’elle nous voyait manger aux repas ou en journée.

Un passif (et actif d’ailleurs…) d’eczéma étant présent du côté de son père, j’ai fait attention de suivre les recommandations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) en matière d’allaitement et de mener un allaitement exclusif de 6 mois complets. Etant absolument convaincue des bienfaits de mon lait quand à la protection contre les allergies alimentaires, je n’ai pas eu de mal à m’y tenir, à une semaine près: le jour où elle a presque pleuré en agitant les bras devant la banane que j’avalais et que je ne lui donnais pas, et en bonne maman qui écoute son bébé, je me suis dit qu’il serait peut-être temps d’y aller.

Comme vous êtes nombreux en ce moment à m’interroger sur la diversification, voici donc comment on a procédé – et comment on procède toujours – pour l’introduction des solides dans l’alimentation de notre fille.

1) Préserver l’apport en lait

Jusqu’à trois ans, le lait reste l’alimentation de base de l’enfant et la première année, les solides restent essentiellement de la découverte de texture et de goût: la majeure partie de l’apport calorique se trouve dans le lait et il est indispensable de maintenir un bon apport, notamment en donnant le lait à la demande et en donnant les tétées AVANT les solides afin d’être sûrs que l’apport est suffisant d’une part, et pour ne pas compromettre l’allaitement d’autre part: si le ventre du bébé est rempli de solides, certes il n’aura plus faim, mais il ne voudra pas non plus de lait. Une tétée peut ainsi sauter, puis 2 puis 3 si on ne fait pas attention, et la lactation suit le mouvement: de moins en moins, jusqu’à plus du tout. Et c’est ainsi que l’on lit ou entend souvent des choses du genre « Mon bébé s’est sevré de lui-même à 8 mois, un peu après le début de la diversification, il devait préférer les petits pots! ». Attention: ce genre de cas ne sont pas des sevrages naturels mais des sevrages induits, par une diversification souvent trop hâtive où l’apport en lait n’a pas été privilégié.

2) Une ligne directrice: DME

Autrement dit: Diversification Menée par l’Enfant. Pffffff, encore un truc d’enfant-roi ça. Même pour la bouffe, faut qu’elle aille chercher des trucs pas comme chez tout le monde cette WM, elle nous saoûle.

Krkrkrkr^^

Concrètement, la DME, c’est une approche de la diversification qui peut s’appliquer à tous les bébés, et d’autant plus aux bébés allaités. Dans l’allaitement, et à condition que celui-ci soit mené à la demande et sans restriction (ce qui devrait toujours être le cas, rappelons-le, pour subvenir aux besoins de l’enfant en suffisance), le bébé est totalement autonome. Il sait exactement de quoi il a besoin, combien et quand. C’est ainsi lui qui définit le nombre, le rythme et la durée des tétées de jour comme de nuit (le bébé allaité régule ses besoins en lait sur 24h, donc il tète indifféremment le jour et la nuit et ce tant que son organisme aura besoin de ce mode de fonctionnement, cela peut durer plusieurs mois, ici Lou tète toujours 2 à 3 fois par nuit – elle aura 8 mois le 13 novembre – et tétait toutes les 2 heures minimum, de jour comme de nuit à sa naissance et jusqu’à 4 mois. Les tétées s’espacent progressivement au fur et à mesure que les mois s’écoulent – et j’ai envie de dire HEUREUSEMENT. Ahem).

La DME permet de maintenir l’enfant dans ce principe d’autonomie face à la nourriture: on part du principe qu’il sait réguler ses besoins, et on choisit donc de le laisser s’orienter de lui-même vers les solides qui l’attirent, sans rentrer dans le traditionnel schéma des 4 repas par jour (de toute façon incompatible, à mon sens, avec un allaitement à la demande, cela dit tous les bébés DME ne sont pas évidemment pas allaités). A cette autonomie de sélection, on associe assez logiquement l’autonomie du geste, en laissant l’enfant se débrouiller très tôt seul avec l’aliment qu’il convoite.

Dans le cas de Lou, le premier solide qu’elle a goûté fut une banane. Elle avait visiblement envie de goûter, j’ai cassé un gros morceau que je lui ai donné. Elle l’a pris dans sa main, l’a regardé et tourné dans tous les sens un bon moment, puis l’a goûté. Pas longtemps, ça ne lui a pas tant plu et elle l’a délaissé très rapidement. Le lendemain elle en a à nouveau réclamé et l’a gardé plus longtemps, en tétant l’extrémité. Les jours suivants, elle a fait de même avec des morceaux de tomate, de pêche, de poire, de carotte…toujours coupés de façon à ce qu’elle ne puisse pas croquer dedans. Par exemple, une pomme entière et épluchée convient bien: l’enfant n’a pas suffisamment de force (voire même pas de dents selon l’âge) pour croquer dedans, au pire il râpera quelques minuscules lamelles avec ses dents du bas. Un tronçon d’une grosse carotte épaisse est parfait également. Sur la photo ci-dessous, elle mange du concombre, c’était en septembre, elle venait d’avoir 6 mois.

L’enfant découvre ainsi la texture et la saveur de l’aliment brut, non transformé et non mélangé à un autre aliment qui modifierait ou masquerait le goût du premier. La DME s’applique également aux aliments et plats cuits de toutes sortes, dans lequel l’enfant peut vouloir piocher de ci de là en fonction des envies suscitées par l’odeur, les couleurs, l’apparence. Ici, j’ai arrêté de saler les préparations lors de la cuisson afin que Lou puisse toujours en profiter si elle le demande, et nous salons donc maintenant à l’assiette.Avec la DME, l’enfant apprend également à manger seul, à affiner sa précision main-bouche, à développer une gestuelle lui permettant de s’alimenter. C’est une approche de la diversification que je trouve vraiment intéressante car elle laisse une grande place à l’autonomie de l’enfant et ce dès le plus jeune âge. Elle place une confiance en l’enfant et respecte un processus important: laisser le temps au cerveau d’enregistrer la composition des aliments, vers lesquels l’enfant se tournera ultérieurement de lui-même quand son organisme se sentira en manque de tel ou tel nutriment 

3) Cuillère et petits pots

La DME c’est sympa, mais ça a parfois ses limites, surtout à l’âge de Lou. A 8 mois et quand malgré la tétée du soir ou du midi le ventre du bébé crie famine, il faut bien le remplir, et vite de préférence sous peine de protestations stridentes et affirmées. A ce moment là, quand ton bébé commence tout juste à écraser des légumes cuits dans ses mains pour manger seul, le tronçon de carotte c’est bien mignon, mais ça ne nourrit pas son homme son bébé, du moins pas chez les WM. Ca nourrit la table, le bavoir et le pyjama, mais le bébé lui a toujours faim et le fait bien savoir. Alors, en fonction des choses qu’aime ma fille sur la période, j’ai toujours à disposition des petites préparation maison toutes simples pour calmer sa faim (écrasés de légumes notamment: carottes, courgettes, pommes de terre, brocolis…) et des petites choses à préparer sur le pouce pour accompagner les légumes: jambon ou poisson haché, jaune d’oeuf dur, semoule très fine, pâtes alphabets…

Je donne tout cela à la cuillère, et elle ouvre la bouche d’une manière, faut voir ça. Cette petite adore manger.

Et donc, je prépare tout moi-même. Pourtant, avant, je n’étais pas contre les petits pots. Et puis un jour j’ai regardé les étiquettes. Je ne vais pas détailler la question, ce billet serait bien trop long, mais celui-ci du blog Je suis Papa! t’en apprendra un peu plus sur ce qui m’a fait bondir et prendre la décision que non, ma fille ne mangerait pas ces trucs et que oui, j’allais m’obliger à dégager du temps pour préparer sa nourriture.

On se fait souvent une angoisse de cette question de la préparation des repas, pas le temps, le travail, la maison etc, du moins si j’en crois les quelques discussions menées ici et là sur la question. Mais finalement, du moins à l’âge de Lou quand la diversification s’installe doucement, les quantités consommées sont minuscules et au final, si on arrive à dégager deux ou trois heures un jour dans la semaine et avec peu de matériel, on peut préparer une bonne quantité en une seule fois: avec 4 carottes, 4 courgettes, 3 pommes de terre, 6 pommes, 6 poires et 3 bananes, je prépare l’intégralité des écrasés de légumes et des compotes pour la semaine, du dimanche au dimanche. Je m’occupe de cela le dimanche en fin d’après-midi ou en soirée selon ce qu’on a fait sur le week-end, je conditionne et hop au congèl, il n’y a plus qu’à se servir au fur et à mesure de la semaine en fonction des besoins de la Princesse.

Le soir, Lou a très faim et demande un gros repas vers 18h30. Elle mange de la soupe de légumes, moulinée grossièrement, avec des pâtes alphabets ou de la semoule fine…elle adore ça. Je la prépare pour nous pour la semaine, sans sel, et je conditionne la part pour ses dîners dans des bacs à glaçons. En ce moment, après une grosse tétée vers 18h15, elle dévore ensuite 5 glaçons avec une grosse cuillère à soupe de semoule ou de pâtes et termine par un fruit, cuit ou cru selon le type. Morfale quoi.

Petite précision sur les morceaux:

J’ai toujours refusé les purées lisses. Tout mixé, tout mélangé, sans aspérités, cette idée me déplaît beaucoup. Cela ne correspond pas à ma conception du goût qui n’est, selon moi, pas dissociable des textures, de l’association des couleurs… On me demande souvent comment je fais alors que ma fille n’a que 2 dents et qu’elle est encore petite. Tout simplement, j’adapte la cuisson: tout est cuit de façon à ce que les morceaux s’écrasent sans difficulté sous la langue. A cela s’ajoute les capacités du bébé à gérer lui même ce qu’il peut manger ou pas: systématiquement quand un morceau la gêne, Lou le recrache, quelque soit l’aliment. Une règle de sécurité tout de même: attendre que l’enfant tienne bien assis et ne pas donner à manger dans la position semi-couchée du transat par exemple.

4) Le matériel

Alors que c’est la grande mode des Babycook et autres Nutribaby, je n’en ai pas acheté pour deux raisons: trop cher, et trop petit. Pour moi c’est un investissement superflu et je fais avec le matériel que j’ai déjà et que tu vois sur la photo ci-dessous:

Un petit outil en apparence banal mais qui est MON indispensable de la cuisine: mon éplucheur magique Zyliss. C’est pas du sponso, mais punaise cet éplucheur est le plus bel outil culinaire qu’on m’ait offert. C’est spécifiquement un éplucheur à tomates, mais il convient pour tous les légumes, même le céleri rave. Une merveille pour 10,50€, et qui te fera gagner un temps fou dans la préparation de tes fruits et légumes, tu aurais tort de t’en priver.

Je n’ai pas de mixeur, comme tu peux le constater. C’est pour cela que je parle d’écrasé de légumes: les légumes cuits sont moulinés grossièrement, voire écrasés à la fourchette (notamment pour les courgettes). Idem pour les compotes: les fruits ne sont pas mixés mais moulinés, il reste donc une belle texture grumeleuse de poire, de pomme ou de banane, c’est un délice et ma fille adore ça (1 pot AVENT de 180ml de compote à chaque goûter oÔ )

Le chinois (la petite passoire blanche au tamis très fin, à droite de l’image) me sert surtout quand je prépare les courgettes. Ces légumes sont bourrés de flotte, et quand on fait une purée de courgettes on se retrouve souvent avec de l’eau à n’en plus finir dès qu’on entreprend de mouliner ou écraser les morceaux cuits. Donc, je mouline une première fois, puis je verse le tout dans le chinois et je laisse l’eau s’écouler à travers le tamis. Une fois la purée bien égoutée, je mets dans le tupperware et hop, des courgettes bien parfumées et qui ne baignent pas dans l’eau!

Au début, j’utilisais ma cocotte minute, mais la cuisson aliment par aliment était longue quand je voulais préparer pour la semaine. Le cuiseur vapeur me permet de cuire plein de trucs en même temps (carottes/pommes de terre/courgettes sur la première tournée en compartimentant les bacs, pommes/poires/bananes sur la seconde tournée), et sa grande taille me permet de faire en grande quantité. Je m’en sers pour nous aussi toute la semaine (alors que je pourrais toujours essayer de préparer notre dîner dans le babycook hein…), et quand Lou mange du poisson il cuit dedans, en 8 minutes avec une cuisson très saine…bref, un outil très pratique et bon pour la santé.

Pour les contenants, j’utilise les pots Philips AVENT, très pratiques et d’excellente qualité. Je garde également les pots de compote Naturnes que je prends lorsque l’on se déplace et que je n’ai pas de quoi conserver correctement le fait maison (mais uniquement les fruits dans cette marque. Les plats salés sont assez riches en huile de palme, additifs…Nature mon oeil oui. En salé, Hipp et BabyBio restent les plus softs. Hipp est mauvais élève en sucré: beaucoup d’autres choses que le fruit, notamment des additifs et des acides divers, alors que Naturnes ne met rien d’autre. Encore une fois, bien regarder les étiquettes…Hipp et sa mention bio n’est pas forcément plus sécure selon le type de produits de la gamme).

Enfin, en DME, il peut être intéressant d’avoir des vêtements adéquats. Je profite de ce billet pour parler d’ un bavoir tout à fait adapté à ce type de diversification et qui m’a été offert par la boutique DécoBB: un maxi-bavoir Noukie’s (www.decobb.com/catfour/noukie-s/bavoir.html?lastfiltre=Bavoir+Noukie%27s), qui recouvre TOUT le bébé. Et qui permet donc de le laisser manger seul sans prier pour qu’il ne ruine pas le beau pyjama tout neuf ou le gilet de mamie tellement choupi.

Sur cette photo, Lou mange un biscuit armée du dit bavoir, et je vais m’en faire un stock parce que c’est vraiment très pratique: col elastiqué donc s’enlève et se remet très facilement, très résistant au lavage (lavé une vingtaine de fois depuis que je l’ai, à 60°) (la carotte, c’est tenace). L’élastique notamment reste bien en place et ne se détend pas, même après avoir fait 200 fois le même geste d’enlever, remettre, enlever, remettre… Un très bon produit que je suis bien contente d’avoir pu expérimenter.

(Tu remarqueras un tout mimi petit cube juste derrière ma fille. Ca vient de chez DécoBB aussi…mais je t’en parlerai plus tard, dans un billet sur la motricité et l’éveil qui arrive dans les prochains jours!) (Tu remarqueras aussi l’extrême beauté de mon enfant) (Avoue que tu veux le même) (Si si avoue allez)

Je crois que j’ai fait le tour.

Si je résume: un peu de DME où bébé mange seul à sa manière, un peu de fait maison à la cuillère quand c’est plus simple, ou plus rapide, ou tout simplement qu’elle veut manger des choses qui seraient très difficiles à manger avec les doigts, et surtout: pas de prise de tête. Pas de « bébé au rythme des 4 repas » mais de la découverte tranquille, en douceur, toujours à l’envie ou pour caler un ventre pas assez rempli, dans n’importe quel ordre et sans jamais forcer: elle passe parfois trois ou quatre jours sans manger de solides. Et puis du lait, encore et toujours…Bientôt 8 mois de tétées qui ne sont pas prêtes de s’arrêter.

Bon appétit bébé!

Photo d’introduction: le fils de ma copine Nas, administratrice chez les Seintes (www.facebook.com/Seintes), et ayant déjà servi pour l’illustration d’un billet traitant spécifiquement de la diversification du bébé allaité sur le blog des Seintes (jesuisuneseinte.wordpress.com/2012/01/16/la-diversification-du-bebe-allaite/).

Pour en savoir plus sur la DME, un site très bien fait et très clair: http://diversificationalimentaire.com/ (diversificationalimentaire.com/)

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