Après la tempête

Cette ChouChou > Materner au quotidien

Du jour au lendemain, on tangue.

Tous ces plans que l’on avait faits, toutes ces choses qu’on avait imaginées, tout ce qu’on avait prévu, se noie sous le tsunami de l’enfant. Trouver sa place, retrouver sa place, lui faire une place, se faire de la place…lorsque s’achèvent les quelques jours de flottement à la maternité et que vient le temps de réintégrer son toit, il faut tout réapprendre.

Réapprendre le quotidien, réapprendre un rythme, réapprendre à s’aimer, autrement. Après avoir aimé l’amant, apprendre à aimer le parent. Apprendre qu’on peut vivre sans forcément dormir, apprendre que la fatigue est ta pire ennemie. Apprendre que c’est elle qui fait qu’on chavire, faire tout ce qu’on peut pour la tenir à distance, loin du couple.

Cette fatigue qui envahit tout,

Qui use tes nerfs, te mets à fleur de peau. Ce qui auparavant n’aurait suscité qu’indifférence fait place à des accès de colère. De l’impatience, de la susceptibilité.

Faire tout ce qu’on peut pour les tenir à distance, loin du couple.

Se disputer pour rien, d’abord un peu, puis trop souvent et jamais autant qu’au sortir d’une énième nuit sans sommeil. Après des semaines sans dormir plus de trois heures d’affilée, les nerfs à vifs démarrent au quart de tour. Et on se dispute, encore. Pour rien, pour des bêtises ou pour de vrais problèmes, on ne sait même plus très bien, on se dispute, encore, c’est tout.

Mais parvenir pourtant à garder cette part de lucidité, cette petite étincelle de survie qui nous rappelle que ça ne va pas durer, que tout le monde a besoin de temps pour s’adapter, et que ce n’est pas aussi simple que les trois mois réglementaires que nous servent les magazines pour « retrouver une vie intime ».

Alors, on attend la fin de l’orage. On se laisse pousser par le vent, on tangue encore et encore, on reçoit des vagues en pleine tête, on manque de se retourner pour finalement redresser la barre.

Se dire que ça ne va pas durer. Le dire à l’autre après chaque engueulade: « c’est la fatigue, ça ne va pas durer ».

Et puis un matin, le regarder dormir.

Et se dire que ça doit faire un mois qu’il n’y a pas eu d’orage. Constater que le calme est revenu, comme ça, sans prévenir. Bébé a grandit.

Après 13 mois de mer agitée, la tempête semble terminée.

Une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place.

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