Après les jeux (ici), voici les livres.
On lit beaucoup, beaucoup (trop ? -_- ) d’histoires, la plupart au fil de la journée, et forcément au moins deux avant chaque moment de sommeil. Les livres naviguent entre la chambre et le salon tous les jours, plusieurs fois par jour. En ce moment ce sont toujours les mêmes qui reviennent, voici la liste et leurs résumés :
1) Contes enchantés
Et notamment, l’histoire d’Ali Baba et les 40 voleurs ou plutôt « Ali Baba les voleurs ». Tout le monde connait cette histoire je pense, inutile de la résumer…dans le livre on trouve aussi l’histoire de Jack et le haricot magique, de Pierre et le Loup, du Vilain Petit Canard, et d’Aladin. Jack ne l’intéresse pas du tout, Aladin non plus. Elle aime bien Pierre et le Loup et le Vilain Petit Canard mais Ali Baba est vraiment sa préférée. Elle me demande de répéter des phrases en cours d’histoire, regarde les voleurs en disant « lui il est trop trop méchante », et bien sûr répète sans se lasser « Sésame, ouvre toi! » ainsi que « Merci Morgiane, tu nous a sauvé la vie! ». Lecture obligatoire au moins une fois par jour.
2) Loulou
Loulou est un jeune loup qui n’avait jamais vu de lapin. Et Tom est un lapin qui n’avait jamais vu de loup. Un beau jour, ils se rencontrent et deviennent les meilleurs amis du monde, malgré les prédispositions de Loulou a grignoter son copain et celles de Tom à en avoir peur plus que tout. Une belle histoire sur la différence qui enrichit la vie, et sur le fait qu’il est toujours possible de faire autrement que de suivre les préceptes initiés par le refrain « on a toujours fait comme ça ». C’est vrai, les loups ont toujours mangé les lapins, mais peut-être qu’une autre voie est possible, et qu’en fait rien n’est obligatoire dans la vie, qu’on peut toujours faire des choix. C’est bien entendu mon analyse d’adulte face à cette histoire, je ne saurais pas dire pourquoi Lou l’adore et la demande sans cesse, mais cette trame me parle parce que c’est un peu notre vie quotidienne en miroir, du fait de nos choix de vie parfois marginaux et du moins, souvent, en dehors de l’habitude générale.
3) Grosse colère
Et gros succès ici pour ce livre depuis très longtemps…de mémoire elle le réclame depuis l’âge de 12 ou 13 mois et son titre fait partie des premières suites de mots qu’elle a prononcées. Robert rentre chez lui après une très mauvaise journée. Il est déjà en pétard, mais en plus dans l’assiette du soir il y a des épinards. Alors là, c’est le pompon. Papa lui propose d’aller se calmer dans sa chambre et là-haut l’enfant laisse exploser sa colère, une sorte de grosse Chose rouge qui monte depuis son ventre et sort d’un coup. Et envoie tout valser dans la chambre. Puis le calme revient, et Robert répare les dégâts infligés par la Chose : un livre froissé, un oreiller tout cabossé, une lampe renversée…Une fois libéré de toute cette colère accumulée dans la journée, Robert redescend très content et apaisé pour finir son repas.
Je pense que Lou aime cette histoire depuis toujours car elle est, depuis le début, totalement libre d’exprimer ses émotions, même les plus négatives. Nous n’avons pas peur de la colère et si elle a besoin d’exploser, et bien elle explose et c’est très bien ainsi. L’âge avançant, il est question maintenant de diriger les manifestations de cette colère vers des éléments qui ne craignent pas la douleur ou la blessure, mais en tous les cas les crises sont accueillies comme réparatrices. On les laisse aboutir (en sécurisant si besoin les individus – elle y compris – et les objets dangereux pendant le moment difficile), et ensuite on discute. Je pense que Lou se reconnait dans cet enfant qui a besoin de crier, qu’on laisse faire et qui ensuite revient partager son soulagement. Un joli livre pour apprendre aux enfants (et aux parents ?) que la colère est un sentiment universel, que tout le monde peut ressentir, et que le meilleur moyen de l’apaiser est de la laisser s’exprimer quand c’est nécessaire, même quand il s’agit d’un bébé ou d’un tout jeune enfant, dont les attitudes peuvent être bien déroutantes dans ces situations de crise.
4) La brouille
Petit livre pour gros succès aussi, c’est une histoire que son père lui lit depuis des mois (période semblable à Grosse Colère, de mémoire). Moi je la lis beaucoup moins bien que lui et elle le sait très bien, donc c’est toujours à lui qu’elle la demande^^. Il rajoute plein de petites choses rigolotes, fait des voix, enrichit les dialogues…bizarrement, je sais le faire sur certaines histoires et pas sur d’autres, idem pour lui d’ailleurs (le cas de la petite taupe que nous verrons tout à l’heure, lui n’aime pas la lire alors que moi j’adore).
Un lapin marron et un lapin gris sont voisins de terrier. Au début comme tous les voisins, ils se font des politesses. Mais rapidement tout se dégrade et les deux personnages ne cessent de se chamailler. Alors que la mésentente est à son comble, survient un renard qui aimerait bien les croquer tous les deux. Leur instinct de protection reprennant le dessus, ils s’entraident pour lui échapper en unissant leurs forces pour creuser un tunnel entre leurs deux terriers et ainsi s’échapper par le second pendant que le renard les cherche à l’aveuglette, à coups de patte, dans le premier. Cette expérience renoue leur liens et se transforme en une grande amitié, bien au delà des courbettes de bon voisinage.
5) Croque Bisous
Une petite souris demande sans cesse un dernier bisou à ses parents le soir avant de dormir. Un, puis deux, puis trois, mais Maman et Papa Souris finissent par dire que maintenant on a fait assez de bisous, et que c’est l’heure de dormir. Après le départ des parents, une bestiole étrange vient frapper à la fenêtre de la petite souris et lui demande des bisous car ses parents sont partis en oubliant de lui en faire. La petite souris accepte de faire un bisou, mais la bestiole en veut un autre, puis un autre. C’est au tour de la petite souris de dire que maintenant ça suffit, on a fait assez de bisous, il faut dormir! La bestiole rentre chez elle satisfaite d’avoir eu ses bisous et la petite souris s’endort en embrassant son doudou.
C’est une histoire contextuelle ici, que j’ai choisi spécifiquement car c’était exactement la phase que l’on vivait avec Lou sur le sommeil depuis trois semaines : se relever et demander encore un câlin, puis deux, puis trois…les couchers reprennaient des allures de tour de cadran et si on n’était pas du tout contre l’idée de la rassurer un maximum, on ne voulait pas pour autant rentrer à nouveau dans le schéma des couchers interminables. J’ai donc passé un long moment chez le libraire du quartier à feuilleter les livres pour bambins afin de trouver une histoire relative au coucher et à cette période un peu complexe. Ca a très bien fonctionné…elle a demandé cette histoire de très nombreuses fois les premiers jours, en journée comme le soir, et en quelques jours on reprennait les couchers normaux avec les câlins et bisous habituels mais sans avoir ensuite besoin de se relever et de revenir, sauf exceptions. Depuis elle la demande beaucoup moins mais je l’intègre à la liste aujourd’hui car cela me renvoie à quelque chose d’important : lors de mes cours de psychologie de l’enfant en formation de musicienne intervenante, j’avais appris notamment que l’enfant qui réclame sans cesse la même histoire y trouve une réponse, sous quelle que forme que ce soit (implicite, illustrée…) à l’une de ses grandes questions intérieures du moment. Peur de l’abandon, du noir, du désamour, de la mort…l’histoire sera réclamée à répétition jusqu’à ce que l’enfant ait assimilé complètement la réponse qu’elle apporte à sa crainte ou à son besoin présent. A tous les parents qui vivent des situations un peu complexes avec leurs enfants en bas âge (et même plus grands pourquoi pas), je suggère de tester la résolution par les livres en cherchant des histoires mettant en scène les mêmes problématiques que celles vécues par l’enfant sur le quotidien. Cela a fonctionné ici avec Croque Bisous, et j’ai déjà rencontré beaucoup d’autres exemples du même type. En prévision de la naissance du petit frère, j’ai également trouvé chez le libraire un petit livre qui s’intitule « Vous êtes tous mes préférés », qui ne lui parle absolument pas aujourd’hui (pour tout dire elle s’en contrefout même!) mais qui dans 3 mois pourrait bien prendre tout son sens, on en reparlera sans doute ici en temps voulu.
6) De la petite taupe qui voulait savoir qui lui avait fait sur la tête
Enorme succès pour cet album aussi à la maison, elle le connait quasiment par coeur. Il faut dire que je m’applique pour le lire, elle rigole beaucoup à chaque fois, entre le ton et les bruits de bouche que j’utilise pour faire vivre l’histoire.
Une petite taupe sort tranquillou au soleil couchant histoire de prendre l’air. Malheureusement, elle récupère en plein milieu de son crâne le produit malodorant d’un malpropre encore inconnu. Mission : retrouver le coupable. Elle part alors à la rencontre des animaux de son entourage et réclame la franchise de chacun. Les animaux se disculpent en lui montrant à quoi ressemblent leurs crottes, prouvant ainsi leur innocence. C’est finalement un couple de mouches qui fera la lumière sur cette affaire, désignant le coupable de façon indiscutable.
Un livre que je trouve d’abord drôle pour la multitude de possibilités narratives qu’il offre, ensuite joli car les illustrations sont très sympas. Et que je trouve ensuite très intéressant pour dédramatiser les choses notamment lorsqu’arrive la période de l’acquisition de la propreté et ses angoisses (les enfants qui craignent que la disparition des selles signifie la disparition d’une partie de leur corps, pouvant ainsi développer des blocages et des constipations plus ou moins sévères) : tout le monde fait caca, chaque personne, chaque animal, est prévu pour ça, ce n’est pas grave.
7) Loulou à l’école des loups
Une des suites des aventures de Loulou le loup et Tom le lapin, les meilleurs amis du monde. Tom se demande si les loups n’ont vraiment peur de rien et après avoir tenté à plusieurs reprises de lui faire peur lui-même, sans succès, il propose à Loulou d’aller tester son courage là haut dans la montagne, à l’école des Loups. Rien ne se passe comme prévu et Loulou se retrouve au coeur d’une chasse au loup dont il est la proie. Tom entreprend de venir à son secours, manque de se faire dévorer mais heureusement son ami parvient à le sauver et ils rentrent sains et saufs. Loulou a eu très très peur cette fois!
Comme dans le premier volet, j’y vois un message intéressant : on n’a jamais peur de rien, on n’est jamais invicible, on a tous nos failles, nos peurs, et même les plus courageux et les plus forts d’entre nous peuvent un jour connaître les émotions qu’on attribue souvent aux plus faibles comme la peur ou la tristesse.
8) Attention, Coccinelle!
Livre assez récent, acheté pour son anniversaire mais offert un peu en avance avant le départ aux sports d’hiver. Une petite Coccinelle veut apprendre à voler mais punaise, c’est pas simple! Elle essaye, se prend les tiges des fleurs, se cogne contre ses copains, titube, tombe, recommence…et finit par croire qu’elle n’y arrivera jamais, c’est bien trop difficile, et puis quand elle se trompe ça embête un peu les autres, ça fait du bruit, elle se cogne contre la banane du singe, elle atterrit sur la trompe de l’éléphant…et tout le monde de lui répéter « mais attention, coccinelle! ». Attention, attention, oui d’accord, mais c’est difficile d’apprendre, on ne peut pas tout gérer en même temps. Une belle histoire (et de très belles illustrations) sur la persévérance et, toujours avec mon analyse d’adulte, la notion de bêtise qui n’existe que chez celui qui sait déjà faire et a parfois du mal à se placer à la hauteur de celui qui apprend et qui peut, de fait, être maladroit.
9) Un bébé dans le ventre de maman
Simon et son petit frère Gaspard vont avoir un petit frère ou une petite soeur, c’est maman qui l’a dit. Mais Simon aimerait bien savoir comment on fait les bébés, tout de même, et son papa n’a pas l’air très très chaud pour lui expliquer réellement ce qu’il en est. Le voyant tout tracassé, c’est finalement sa petite copine Lou (^^), à l’école, qui lui racontera comment on fait les bébés.
10) Agathe et les petits bonheurs
Acquisition récente (comme celui qui va suivre, Agathe et la fessée), pour l’anniversaire des 2 ans, offert en même temps qu’Attention Coccinelle. Une fois par semaine, Agathe, ses parents et son frère se retrouvent autour d’une bougie pour faire la ronde des petits bonheurs. Chacun raconte ce qu’il a aimé cette semaine et partage son bonheur avec les autres. Agathe raconte qu’elle aime se réveiller le matin contre maman, ou se blottir dans la fourrure du chat. Elle aime aussi se promener avec son papa et quand ils s’endorment tous ensemble le soir. On la voit téter sur la dernière image. Inutile de chercher très loin pour comprendre pourquoi Lou aime ce livre…c’est elle qu’elle voit à travers la petite Agathe, et hormis le chat que nous n’avons pas, elle dit « moi aussi j’aime bien ça! » sur la plupart des scènes : « moi aussi j’aime bien téter! », « moi aussi j’aime bien en promenade pour papa les épaules! » « moi aussi j’aime bien quand c’est fini gros dodo avec maman! ». Au delà de ça, le livre défend un concept de bienveillance dont nous avons tous besoin : se retrouver autour de ce qui nous fait du bien, nous apaise, nous rend heureux, et pas seulement autour des choses qui nous contrarient ou nous donnent envie de faire des remarques aux autres.
11) Agathe et la fessée
Ouvrage ouvertement engagé, à la hauteur de l’enfant mais dont le message est clair tout au long du livre. Agathe fait les courses avec sa maman, munie de sa petite liste à images pour participer, quand elles entendent des cris dans un rayon voisin. Une maman en colère donne une fessée à son enfant qui n’est pas resté à côté d’elle. La maman d’Agathe entre en contact avec la maman du petit garçon en lui demandant si elle a besoin d’aide, et la rassure sur la difficulté d’être parent, surtout quand on est fatigués et dans ce genre d’endroits inadaptés. Les deux mamans continuent la discussion chez Agathe autour d’un thé, et la maman du petit garçon repart rassurée et apaisée, après avoir longuement discuté de la fessée. Loin d’être culpabilisant, ce petit livre met l’accent sur les soucis que rencontrent tous les parents : gérer tout en même temps, la fatigue, le stress des endroits bondés, et la difficulté de mettre en adéquation les besoins du quotidien avec ceux de l’enfant. Du point de vue de l’enfant, il glisse le message que la fessée est une manifestation de désarroi, comme une déconnection du réel que le parent ne parvient pas à maîtriser, souvent parce qu’il a lui même reçu des fessées enfant et qu’il ne sait donc pas faire autrement quand les plombs finissent par sauter. J’ai eu l’occasion de discuter de ce livre avec une jeune fille de 8 ans la semaine dernière, qui a déjà reçu des fessées. J’avais peur, initialement, qu’il la perturbe (ainsi que son frère de 4 ans), car il formule clairement qu’Agathe ne savait pas que les grands pouvaient taper les petits. Je craignais qu’il ne crée un malaise autour de cette notion de la sanction et de l’amour parental. C’est tout le contraire qui s’est produit. Ce livre lui a permis de comprendre qu’avant d’être un geste qu’elle avait mérité, c’était surtout quelque chose qu’il était dur de réprimer pour ses parents car imprimé dans les réflexes des enfants qu’ils étaient, et que de fait ils étaient pardonnables, mais surtout que ça ne voulait pas dire qu’ils ne l’aimaient pas, que c’était beaucoup plus complexe que ça. Nous avons discuté alors de quelques possibilités si la situation se représentait chez elle, pour apaiser ses parents et leur permettre de trouver avec elle d’autres solutions.
Si vous souhaitez compléter cette liste avec des ouvrages qui font l’unanimité chez vous, n’hésitez pas!