Il arrive un stade où tu ne sais plus comment te dêmeler de tes obligations. Obligations professionnelles, obligations maternelles, obligations domestiques. Il arrive un moment où si tu ne prends pas garde, tu te retrouves perdue là, entre les couches et l’ordinateur, entre l’agenda et les hochets, entre le lave-vaisselle à vider (pour les plus chanceuses) et les draps à changer, et tu as beau fouiller là-dedans, tu n’y es pas. Tu es là pour les autres, travail, conjoint, bébé(s)…mais toi, où es-tu? Bien souvent, dans un état proche de l’Ohio. Fatiguée, moralement lasse, tu te surprend à rêver d’ avoir le droit juste à quelques heures pour souffler. Juste comme ça, pas grand chose.
Une journée OFF, juste une seule, juste une fois. Pas d’enfant, pas de travail, pas de maison. Pas de repas à préparer, pas de montre à regarder, pas de sein à sortir, pas de couche à changer, pas d’escaliers à surveiller, pas de bébé à descendre une 154ème fois de la table de la salle à manger, pas de lessive à sortir, pas de pain à aller chercher.
RIEN.
Juste prendre ta voiture, aller retrouver une copine dont les deux grandes sont parties en vacances et le petit dernier à la crèche, discuter autour d’un café à 10h30, partir en ville. Traîner dans les boutiques, regarder des fringues, en trouver de jolies en soldes. Déjeuner en terrasse, parler de trucs de mères bien sûr, mais de trucs de filles aussi un peu, de trucs d’avant, se raconter des souvenirs de lycée, des trucs comme ça. Boire une bière fraiche par 30 degrés.
Juste prendre le temps de ne rien faire. Déconnecter, couper le quotidien juste un peu, juste quelques heures. Bébé chez sa nounou comme prévu vu qu’on est en semaine et que maman est censée travailler, papa qui prévoit de récupérer la chair de ta chair à 17h, heure où tu es alors assise à la terrasse d’un salon de thé, en train de manger une glace artisanale coco/mangue accompagnée d’un thé vert à la menthe.
Ne rien faire…
Pour la première fois depuis combien de temps? 16 mois ici, qu’il n’y avait pas eu de journée OFF. Au mieux, une après-midi, mais toujours consacrée au moins en partie aux obligations de la maison. Aujourd’hui j’aurais du travailler, c’est vrai. Mais aujourd’hui, quand j’ai constaté que la perspective de passer une journée sans enfant, sans maison et sans obligations, avec ma copine, juste comme ça toutes les deux en ville, me faisait l’effet d’un enfant sur la route de disneyland, je me suis dit quand même que j’avais bien fait de dire stop.
Une journée, seulement. 8 petites heures.
Le travail peut attendre, le ménage peut attendre. Le coup de boost au moral lui, ne souffre aucun délai, et depuis quelques semaines, l’intense fatigue des 16 derniers mois avait raison de mon énergie. Tout semblait bien plus difficile. Alors ce matin, on l’avait prévu depuis 10 jours avec ma copine: j’ai pris ma voiture.