Messieurs, j ’aimerais vous dire.
Ne comprenez-vous pas ?
Votre violence n’a d’égale que votre aveuglement.
Ne comprenez-vous pas ?
2001, messieurs, vos prédécesseurs lançaient deux avions sur des tours, pensant ainsi mettre l’Amérique à genoux. 15 ans plus tard, ils sont toujours traqués, de toutes parts et en tous lieux, par toutes les forces Humaines libres, qui ne les laisseront jamais en paix.
2015, messieurs vous faites irruption chez Charlie, vous pensiez ainsi mettre la France à genoux. 15 ans plus tard, vous serez toujours traqués, de toutes parts et en tous lieux, par toutes les forces Humaines libres, qui ne vous laisseront jamais en paix.
Ne comprenez-vous pas ?
Tous ces rassemblements spontanés jusque dans les villages, tous ces crayons qui se lèvent, tous ces Charlie que l’on placarde, sur le moindre centimètre carré de mur ou de trottoir.
Messieurs, j ’aimerais vous dire.
Que l’on peut tuer des hommes, encore et encore. Assouvir ainsi, dans la bêtise et l’ignominie, une haine qui ne prend racine que dans l’ignorance et l’obscurantisme.
Que l’on peut briser des familles, encore et encore.
Meurtrir une nation, que chaque drame touche au coeur.
Mais les idées, messieurs.
Les idées.
Jamais, ne plieront sous vos ordres insensés.
Jamais, ne périront sous vos armes lourdes.
Mon pays, aujourd’hui, se réveille amputé.
Amputé de ceux qui représentaient cette Liberté dans laquelle nous nous vautrions sans plus la voir, tant elle est normale.
Mais à laquelle hier, au delà du drame, vous avez redonné une âme, et une force inouïe.
Messieurs, j ’aimerais vous dire.
La France, aujourd’hui, pleure ses victimes. Mais la Liberté, aujourd’hui, vous remercie. Parce que vous avez cru, en ce 7 janvier, la tuer pour de bon. Armés de votre seule folie meurtrière, vous avez envoyé 12 héros au Paradis, bien avant l’heure.
Mais ne comprenez-vous pas ?
“On reconnaît le bonheur, paraît-il, au bruit qu’il fait, quand il s’en va”, chantait Renaud il y a déjà bien longtemps. En assassinant Charlie en ce 7 janvier, le bruit de la Liberté à l’agonie a résonné tant et si bien, dans tous les coeurs et tous les foyers, que la France, loin de s’agenouiller devant votre terreur armée, s’est rassemblée dehors, partout, dans la paix et le silence, à la lueur des petites flammes tremblotantes de milliers de bougies, pour vous envoyer son message.
Ne comprenez-vous pas ?
Que la France, si elle est meurtrie aujourd’hui comme jamais, ressort grandie de votre barbarie.
Toujours plus forte.
Les crayons levés, partout, les idées bouillonnantes, toujours, contre vos fusils lâches.
Je sais que vous reviendrez, ailleurs, autrement, plus tard.
Jamais vous ne cesserez d’essayer de nous enfermer dans vos idéaux d’un autre âge.
Cependant Messieurs, j ’aimerais vous dire.
2015. Vous avez assassiné Charlie.
Vous avez cru pouvoir coucher nos âmes libres.
Attendez-vous dès lors à retrouver la France,
Plus que jamais,
Debout.
Je suis Charlie.
Dessin : Stéphanie Blake (https://www.facebook.com/stephanieblake)