Il est maman et 10 mois.
J’ai le sentiment contradictoire d’être montée dans un TGV qui aurait décidé de prendre son temps. D’un côté les choses passent tellement vite, de l’autre, il se passe tellement de choses…
Hier alors que nous étions en famille, je regardais ma fille, debout au milieu de la pièce, faire bravo en observant son cousin et en poussant des cris de joie. Il n’y a pas si longtemps, elle était si petite, si fragile…aujourd’hui elle s’élance dans la vie, bien droite sur ses jambes. Elle marche depuis une semaine et grandit à vue d’oeil. Son visage se transforme, sa voix également. Ses gestes prennent de l’assurance, elle joue à faire des grimaces, appelle son père toujours avec les mêmes sons, adopte des mimiques en fonction des situations. Sa personnalité s’affirme et son être se construit, jour après jour.
A chaque nouveau sourire, à chaque nouveau son, je me concentre pour graver cette image qui m’émerveille sur l’instant, pour en garder une trace même dans mes vieux jours. Mais déjà, j’oublie. Déjà, il me faut l’aide des photos pour me rappeler son visage des premiers jours. Déjà, il me faut l’aide des petits films pour me rappeler sa voix des premiers mois. Déjà, il me faut des efforts pour me rappeler ce tout petit bébé qui a tellement changé.
Alors on photographie, encore et toujours. On filme, on mitraille. On classe soigneusement, pour transformer toutes ces images en de jolis albums. Des images et des sons, pour ne pas oublier.
Ne pas oublier, quand elle aura 20 ans, sa petite frimousse qui ce matin me tenait les deux joues en fronçant le nez et en découvrant ses deux dents du haut naissantes. Ne pas oublier, quand elle en aura 30, ses petits cheveux doux comme de la soie dont je cherche l’odeur à chaque tétée. Ne pas oublier, quand elle en aura 40, sa petite voix d’enfant qui commence à peine à dire maman.
Chaque jour, je me concentre, je me drogue de son image et je grave ma mémoire au fer rouge.