WM s'interroge

Image prise ici (elfiane.deviantart.com/art/Hypersexualisation-122974313)

Déjà, il y a 5 ans, je m’étais posé la question.

En entrant dans une boutique Etam et en découvrant la gamme “Tammy By Etam” qui proposait des strings en 8 ans. Ca m’avait sérieusement interpellée. Je n’ai pas réussi à déterminer ce qui me semblait le plus dingue: que des enseignes mettent à disposition des enfants ce type de produits ou que les parents soient suffisamment inconscients et aussi dépourvus de réflexion pour les acheter. On trouvait aussi, dans la même gamme, des soutiens-gorge en 65 A (équivalent d’une taille 8 ans).

Ce genre de produits existe toujours: en préparant ce billet et en cherchant notamment son illustration principale, je suis tombée sur un site e-commerce pour enfants. Qui dispose de son rayon lingerie. Et qui vend des soutiens-gorge Dim rembourrés en 8 ans. Rembourrés, bordel. Push Up et tout. Mais c’est QUOI le délire de ces gens? En quoi une fillette de 8 ans a-t-elle besoin d’un soutien gorge d’une part, et d’un soutien-gorge REMBOURRE d’autre part? Hormis pour faire croire qu’elle a de la poitrine comme une jeune fille de 16 ans?

Plus récemment, la marque Veet lançait une campagne de pub: Mon Minou Tout Doux. Coeur de cible: 8-12 ans, extensible jusqu’à 15-16, environ. Sur un site web dédié et interactif, les fillettes devaient choisir leur minou préféré, puis choisir un produit dépilatoire et épiler leur minou. Tout ça en musique, et d’un goût sans équivoque, juge par toi-même:

Si cette vidéo ne s’affiche pas correctement, tu peux cliquer là (www.youtube.com/watch?v=ZpRn-QUHT6g), par exemple

Ce site a bien évidemment soulevé un tollé, à tel point que la marque a immédiatement suspendu le service. Je l’ai testé alors qu’il était encore en ligne: tout simplement à vomir.

Il faut bien comprendre le message que véhiculait cette campagne, et ce même si la marque s’en défend: “Quand mon minou est tout doux, il aime être caressé partout”. Nous parlons de fillettes de 12 ans en moyenne, dont le corps est encore pour la plupart d’entre elles celui d’une petite fille, et auxquelles ont met dans le crâne que la relation sexuelle est à leur portée, et qu’en plus elles vont adorer ça.

Et aujourd’hui, sur un blog, j’ai découvert qu’un nouveau produit avait fait son apparition et créait déjà le buzz sur la toile: les chaussures à talon pour bébé de 0 à 6 mois.

Tout cela pose, à mon sens, un problème très grave.

Depuis plusieurs années, on constate une érotisation flagrante de l’enfance. Des fillettes de 12 ans portent des vêtements très suggestifs, adoptent des looks de jeune femme, parlent de sexe de façon très crue, savent ce que c’est qu’une fellation ou une sodomie. Certaines auront même déjà expérimenté l’une ou l’autre pratique, si ce n’est les deux.

Ce qu’elles regardent à la télé, ce qu’elles entendent à la radio, ce qu’elles consultent sur internet: tout dans leur environnement direct les confronte à la sexualité, de plus en plus tôt. On leur donne comme modèles des Rihanna ou autres Britney Spears, dont la caractéristique principale est, dans leur clips, de n’avoir jamais plus de 5 cm² de tissu sur le corps. La nudité, l’impudeur, la provocation érotique deviennent une image comportementale banale, sensée représenter ce que devrait être la jeune fille puis la femme pour être socialement reconnue.

Les parents de ces mêmes fillettes s’étonnent et se scandalisent, ensuite, de constater que des hommes se retournent sur leur fille au look sexy. Au look de femme. Sur leur jeune fille qui, bien avant l’heure et bien avant qu’elle ne comprenne elle-même ce que ça implique, dégage érotisme et attirance sexuelle. Il me semble, toutefois, que pour qu’une fillette de 12 ans porte un string, il faut que Maman soit passée à la caisse. Dans le même temps, les médecins scolaires tirent la sonnette d’alarme face à la recrudescence des IVG chez les jeunes adolescentes. Tout est évidemment lié.

Je me permets donc de poser la question: quel parent est-on, lorsqu’on l’on trouve normal de vêtir une fillette de 8 ans d’un soutien-gorge rembourré alors que la dite fillette n’a pas encore le moindre millimètre de poitrine? Parce qu’il ne faut pas se leurrer: les marques ne sont pas les seules responsables. Si ces produits existent et se multiplient aujourd’hui, c’est parce que des consommateurs sont là pour les acheter.

L’érotisation de l’enfance est une dérive grave du capitalisme. On l’a vu dans la campagne Veet: pour pérenniser ses produits, la marque a besoin d’atteindre son public de plus en plus tôt. De le conditionner à devenir client dès que possible, d’atteindre dès l’enfance un futur marché porteur. C’est ainsi qu’on dira à une petite fille de 8 ans que quand son minou est tout doux, il aime être caressé partout. Et que pour cela ma fille, ne t’en fais pas, Veet t’apportera tout ce dont tu as besoin. Tu verras comme ça va être bien.

Je pose ainsi une seconde question:

La pédophilie est sérieusement condamnée par la loi. La réflexion est peut-être perverse, mais il ne me paraît pas idiot d’interroger la responsabilité du marketing et des publicitaires, mais aussi des parents jouant leur jeu, dans l’augmentation des agressions sexuelles sur les mineurs. Je m’interroge très sérieusement, et depuis longtemps maintenant, sur la fragilité de la frontière entre la pédophilie pathologique et celle qui pourrait être encouragée par l’hyper-sexualisation des enfants.

Pour finir cette réflexion, je vous invite, si vous avez 35 minutes à perdre, à regarder attentivement la vidéo ci-dessous, découverte aujourd’hui en même temps que l’article sur les chaussures à talon pour bébé, par une lectrice qui en a déposé le lien en commentaire.

Il est de notre rôle d’adulte et/ou de parent de protéger les enfants et les adolescents de ce qu’ils ne sont pas encore en mesure de comprendre complètement. Parce que les conséquences d’un traumatisme lié à une activité sexuelle trop précoce ne sont plus à démontrer. Parce que les enfants ont justement le droit d’être des enfants, avec des préoccupations d’enfants, sans qu’on vienne leur voler cette enfance en faisant d’eux des objets de désir physique.

C’est un vrai problème de société contre lequel il faut lutter absolument.

Si cette vidéo ne s’affiche pas correctement, ça devrait s’arranger en cliquant là (www.onf.ca/film/Sexy_inc_Nos_enfants_sous_influence)

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