Une hirondelle (et cinq chouettes) ont fait le printemps

Ecologic Girl! > WM en vrac

Ouvrez, ouvrez, la cage aux oiseaux…

Dans ma campagne, depuis trois semaines, avec le retour des beaux jours c’est l’explosion naturelle: fleurs, insectes, petites bêtes en tous genres…ça grouille là-dedans. Et tous ces oiseaux…le matin très tôt ou en fin d’après-midi quand il fait moins chaud, c’est un vrai tourbillon. Dans le ciel, mais aussi sur les toits, les murets, dans les buissons et sur les branches…Ca vole, ça chante, ça se poursuit, ça nourrit les petits.

Aujourd’hui, j’ai arrêté de bosser à 19h30. Je suis descendue de mon perchoir (bien que je ne sois pas un oiseau et pour ceux qui n’auraient pas suivi, j’ai quand même un perchoir, cf cet article) avec une seule préoccupation: boire une bière, à la fraiche sur ma terrasse, et regarder les oiseaux pour me vider le crâne de tout le boulot abattu aujourd’hui. Et j’aurais eu bien tort ne pas le faire: j’ai assisté à un spectacle absolument fascinant de trois hirondelles se disputant le nid accroché sous la gouttière de la maison d’en face.

Sur les trois hirondelles, il y en a deux « légitimes »: Papa Hirondelle et Maman Hirondelle, qui se relaient pour apporter la nourriture aux Mini-Piafs nés récemment. Dans un rythme régulier, la mère décolle, attrape au vol un insecte et revient au nid. Alors qu’elle arrive, le père décolle à son tour et fait le même manège. Et ça dure, comme ça, pendant un bon quart d’heure.

Autour, des dizaines d’autres couples d’hirondelles qui répètent des dizaines de mêmes manèges pour des dizaines d’autres nids. Et ça piaille, et ça piaille, et ça piaille.

Et c’est qui le troisième?

Le troisième, c’est « l’intrus », « l’indésirable ». Nous l’appellerons logiquement « Spam » car nous sommes des gens dans l’air du temps. Spam ou celui qui vient squatter…ou du moins qui tente de squatter et de choper, tant qu’il peut, les petites prises des parents tombées à côtés des jeunes becs et qui n’ont pas encore été ramassées. En gros, il bouffe à tous les râteliers, quoi :P. Solution de facilité…pourquoi chasser quand on peut trouver de bons petits plats tous prêts chez le voisin?

Seulement, c’est sans compter sur le couple parental. Première tentative: Spam tente un annissage (un atterrissage sur un truc en forme de nid donc :P ) alors que Papa Hirondelle a décollé pour aller chercher son insecte. Dans le nid, Maman Hirondelle a le dos tourné, occupée à fourrer sa bestiole dans le bec de Mini-Piaf n°1. Annissage réussi pour Spam…qui finit tout de même par se prendre une volée de bois vert, donnée à grand renfort de piaillements par Papa Hirondelle, revenu juste à temps au bercail.

Spam s’incline et décolle, mais n’a pas dit son dernier mot. Maman Hirondelle prend son tour de chasse et Papa Hirondelle monte la garde. Spam ne se montre pas. Maman Hirondelle revient et Papa Hirondelle reprend aussitôt son envol. Spam y voit l’occasion rêvée d’arriver à ses fins et repart à l’assaut du nid riche en calories faciles.

Caramba, encore raté!

Papa Hirondelle revient à la charge et ne se contente pas de l’insulter: il lui cale un bon coup de bec et le prend en chasse. Ils tourbillonnent pendant quelques secondes, Papa Hirondelle jouant du bec et Spam faisant son possible pour esquiver les coups. Après une vingtaine de tentatives infructueuses se soldant toutes par les mêmes échecs cuisants, Spam se lassera et disparaîtra…certainement pour aller enquiquiner un autre Papa Hirondelle et voler les insectes d’un autre nid.

Et la chouette du titre, c’est pour faire joli?

Ca pourrait oui! Mais non. C’est juste que le sujet de cet article m’a rappelé que le week-end du 15 avril, c’était notre première vraie soirée en extérieur de l’année. De celles où tu te poses dehors à 19h et quand tu vas te coucher à 4h30, tu n’as pas mis un pied à l’intérieur.

Ce soir là on a chanté, on a bien mangé, on a un peu bu aussi et surtout, surtout…on a assisté en direct à un concert de chouettes hulottes. Il devait être 1h30 du matin, au coeur d’une nuit de rase campagne aussi noire que la suie. Pas un éclairage public à 10 kilomètres à la ronde. Une nuit noire comme on en voit plus beaucoup dans notre monde où l’urbanisme a une fâcheuse tendance à tout détruire sur son passage, même quelque chose d’aussi absolu que « la nuit », où on finit bien souvent par y voir comme en plein jour.

Tout autour, la forêt, les champs…et leurs animaux nocturnes. Une première chouette passe au dessus de nous, avec son cri reconnaissable entre tous. Elle passe, repasse, repasse encore et se pose, plus loin, en haut d’un arbre. Elle hulule. Un peu plus loin à gauche, une autre répond. Et un peu plus près sur la droite, une autre. Et encore une autre, derrière nous. Et une dernière, encore.

Chacune sur un ton différent, chacune sur un rythme différent. Nous en avons identifié cinq. Je ne sais pas ce qu’elles se racontaient. Mais hormis quelques impolies qui se permettaient de couper la parole aux copines, elles se causaient ça c’est certain.

« Olala dis donc, t’as vu ces humains là en bas! Ils chantent comme des casseroles hein, tu vas voir qu’y vont nous faire péter l’orage! ».

C’était peut-être ça qu’elles se disaient. Ou bien elles se refilaient le dernier coin à mulots à ne pas manquer.

Oui, le coin à mulots du moment…C’était sans doute ça.

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