Guide pratique de la petite fille riche – Episode 2: la vie de château au Pays Basque

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billets 50 euro #5

15 juillet 2009, Paris. Ma valise a roulettes me prend le chou. On n’entend que moi dans les couloirs du métro.

Mais je m’en fous. Je me dirige, d’un pas guilleret, vers une petite rue du 16ème. 30 jours à la plage, à l’oeil. Et au bout de la route, 1200 euros. Pas de quoi faire la gueule. Garder 2 gamines en permanence? Franchement pas un drame. Des gosses, j’en ai vu d’autres. J’en ai gardé, et pas qu’un peu. A commencer par mes frangins. Donc si en plus on me propose de faire ça le cul dans l’eau…

Le lendemain matin, nous partons pour Biarritz en auto-train. La famille dans le wagon, la bagnole qui suit derrière. Mes patrons sont écolos. Aux 1200 euros dont je te parlais et qui représentent ma paye nette lorsque je rentrerai chez moi 30 jours plus tard, tu peux donc ajouter 150 euros pour le billet de TGV 1ère classe qui m’est réservé. Tu vas voir qu’on va vite arriver aux 3000 que j’évoquais dans l’épisode 1, fais moi confiance. Ce n’est que le début des vacances.

Arrivés à Biarritz, on monte dans la bagnole, que je n’avais pas encore eu l’occasion de voir, mais j’avais une vague idée des possibilités. Verdict: un 4X4 BMW dernier modèle et toutes options, sinon c’est pas drôle. Noir. Enorme. 25 bornes plus tard, on arrive devant un grand portail, avec une allée en graviers. Au bout, une grande maison. Dans la plus pure architecture traditionnelle basque, blanche avec des volets verts. Un grand jardin. « Ah ouais, quand même ». C’est la première pensée qui me vient. Qui se transformera en « oh putain » dès lors que j’aurai passé le pas de la porte. Je me parie 10 euros à moi-même que la maison se loue 5000 euros la semaine. Petite inconsciente inexpérimentée de la vie de château que je suis. Quinze jours plus tard, dans le salon au moment de partir, accoudée au bar et un stylo à la main, ma patronne redemandera le montant exact des 15 jours de location à la propriétaire, venue nous dire au revoir et merci. « Excusez-moi, ça m’est sorti de la tête », dira la mère dans un petit rire. « 18 000, plus les charges. Donc 18500?, répondra la propriétaire, en regardant par la fenêtre d’un air absent. Je manque de m’étouffer avec le Pago Fraise que je sirote tranquillou assise sur ma valise. 18 500 euros pour deux semaines. Bordel de merde. A Ramatuelle, le maison ne sera pas louée: c’est la maison de famille. Elle n’en sera pas moins impressionnante. Avec une plage privée, par exemple et entre autres, mais ça c’est pour l’épisode 3. Je t’assure, pendant un mois, j’ai vécu dans une autre dimension.

Bref, revenons un peu à mon boulot, si tu veux bien.

Au bout de quelques jours, j’avais capté le rythme des filles. La plus jeune, que nous appellerons Camille, se lève tôt. 7h, 7h30. 8h quand c’est jour de fête. L’aînée, que nous appellerons Coralie, aurait besoin de plus de sommeil. Mais comme Camille la réveille, elle ne se rendort que rarement et descend en même temps qu’elle. Le premier jour, je leur avais dit de venir me chercher dans ma chambre dès leur lever. Je descendais avec elle, et on prenait le petit déjeuner toutes les 3. Au bout de 4 jours, je mettais mon réveil à 6h15 pour avoir au moins le temps de mon petit-déjeuner seule, dans le calme et sans avoir à courir partout ma tartine à la main. Je regardais le soleil se lever, assise sur la terrasse, et les premiers rayons se refléter dans l’eau de la piscine. C’était classe. Vers 7h, je guettais les petits pas dans l’escalier pour mettre en route le biberon de Camille, et préparer les tartines de Coralie. Camille aimait bien les petits-dej câlins, alors elle se calait sur mes genoux pour descendre son biberon tout choco. Une fois que le petit déjeuner était fini, on montait dans la chambre pour faire les lits et choisir les vêtements du jour. Habillage rapido. Vers 9h30, et quand il faisait beau, c’était piscine. Quand il faisait moche, c’était pâte à sel, coloriage, histoires…des fois même un DVD.

Vers 10h30, les parents se levaient, venaient dire bonjour à tout le monde et partaient prendre leur petit déjeuner. Ensuite, on allait à la plage. Les parents retrouvaient leurs copains, qui avaient tous des enfants et tous des baby-sitters pour s’en occuper. Et tous des grandes maisons à 9000 euros la semaine, aussi.

Focus sur le repas de midi

Tous les midis ou presque pendant la première quinzaine, c’était resto. Arrêtes, déconnes pas, les pique-niques c’est trop chiant à préparer. Et pis franchement, bouffer du jambon dans du pain, merci bien hein, on est au dessus de ça, tout de même. Alors le midi, c’était resto ouais. Pour les deux parents, les deux petites, et moi. Au minimum, parce que des fois ils invitaient les potes. J’ai eu beau chercher je n’ai jamais vu, sur les cartes des divers restaurants où on a mangé, de plats à moins de 25 euros, hormis les menus enfants bien sûr qui n’étaient qu’à 17. Ben oui, un steak haché avec des frites, ça vaut au moins ça. C’était peut-être des frites en or, j’ai pas vérifié. Par contre c’était des restos chics, ceci explique peut-être cela.

Donc si tu veux bien on va faire un petit calcul. Admettons que chacun prenne le plat le moins cher à 25 euros (ce qui n’est pas vrai tu t’en doutes, mais on va partir de ce postulat pour simplifier les choses). 3 adultes, ça fait déjà 75€. Ajoutés à cela les 34€ de menu enfant. Ca nous fait donc 109€ par jour rien qu’en restaurant. Non tu ne rêves pas. Dans la mesure où l’on mangeait au resto le midi au moins 5 jours sur 7, nous avons donc un budget minimal hebdomadaire de 545€ rien que pour la bouffe du midi. Je te redis encore une fois que je n’ai pas déboursé un copec: nourrie, logée, blanchie. Resto compris, donc. Essayes de ne pas mourir avant la fin de l’article, s’il te plaît, j’aimerais que tu puisses lire jusqu’au bout le récit de cette incroyable aventure, parce que ce n’est pas fini.

Pendant le repas, bien sûr, je gérais les gamines de A à Z, comme si les parents n’étaient pas là. C’était étonnant d’ailleurs de voir comme les gamines avaient complètement intégré ça. Au moindre besoin, c’était à moi qu’elles s’adressaient. Comme si j’étais leur mère. Elles parlaient à leur mère, leur mère leur parlait. Mais c’était moi qui m’en occupait.

Resto fini, back home

Sieste pour Camille et les parents, jeux avec Coralie. Debout depuis 6h15, la fatigue commençait à se faire un peu sentir. Réveil de tout le monde, piscine. Les parents dans le transat avec un bouquin, moi dans l’eau avec les petites. Bain, repas du soir, coucher. Maman et Papa qui montent faire un bisou pendant l’histoire, puis qui se préparent au rez-de-chaussée. 21h, ils sortent en ville. 21h30, les petites sont définitivement endormies, ma journée pour moi commence. Je me pose au bord de la piscine, j’appelle MrChéri. Je me prépare à dîner. J’aurais pu manger avec les filles, je le faisais des fois. Mais un petit repas tranquillou avec la maison pour moi une fois que tout le monde était au lit, c’était plutôt sympa. Il est déjà pas loin de 23 heures, mais je ne me couche pas, faut que je fasse « des trucs pour moi ». Minuit, je me couche. Le lendemain, 6h15, une nouvelle journée commence. Et le réveil est chaque matin un tout petit peu plus difficile.

Quinze jours passent, les petites m’aiment beaucoup, on fait plein de trucs. Je n’ai pas pris un seul jour de congés, je suis ultra crevée. Pas parce que les parents m’en ont empêchée, mais parce que j’ai passé un accord avec eux: quand on sera à Ramatuelle, à la fin de la troisième semaine de vacances, mes parents et MrChéri seront à proximité. Alors je prendrai tous mes jours de congés d’un coup pour aller passer 4 jours avec eux. A chaque fois qu’on prend la voiture pour aller quelque part, j’en profite pour pionser un peu, même sur 2km, je m’en fous, je pionse.

Je les aime bien aussi, les gamines. Mais Coralie commence à me taper un peu sur le système, parfois. Je ne m’étais pas trompée. Elle a le comportement type de la petite fille riche. Un midi, exceptionnellement, c’était pique-nique: les parents étaient partis toute la journée. Ils m’avaient proposé de me laisser les sous nécessaires pour le déjeuner au restaurant de la plage. J’avais refusé en disant qu’un pique-nique suffirait amplement, la mère était d’accord avec moi. Au moment du déjeuner, quand j’ai sorti les sandwichs, j’ai eu droit à mon premier caprice. « Pourquoi tu me donnes ça? », me dit Coralie en regardant le sandwich d’un air bizarre. « Ben, pour que tu manges, c’est l’heure du déjeuner ». « Oui mais normalement on doit manger au restaurant ». « Pas aujourd’hui minette, ce midi c’est sandwich ». « Et si moi je ne veux pas? ». « Et bien tu fais comme tu veux. » J’ai rangé le sandwich. Une heure plus tard, elle n’avait toujours pas mangé et m’a demandé si elle pouvait appeler Maman pour savoir quand elle viendrait nous rejoindre à la plage. Je lui ai donné mon téléphone. Et pour la première fois j’ai eu envie de la baffer.

La petite maligne. En fait, elle voulait demander à sa mère si j’avais le droit de ne pas l’emmener au restaurant.

La suite…au prochain épisode (tu connais la chanson).

Et si tu as loupé le premier épisode, tu peux aller lire .

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