Les Autres.

Cette ChouChou

Elle les aime tellement, les Autres.

Qu’ils soient en plastique, en peluche, à 4 pattes, qu’ils aient des ailes ou des poils, qu’ils soient en chair et en os.

Son poupon qu’elle câline soigneusement. « Oh bébé, dodo, bébé, demain! » en lui caressant les cheveux et quand il dort « hop! » elle le laisse sur le canapé en lui faisant un bisou. Ses ours en peluche qu’elle embrasse sur la truffe puis qu’elle serre dans ses bras en se balançant de droite à gauche en disant « Taaaaaaalin ». Les pigeons, sur la place, qu’elle poursuit en mimant des bisous sonores, pour se retourner vers moi en fronçant le nez quand elle constate qu’ils s’envolent. « Ohhhhhhhhhhhh ».

Dans ses petits imagiers ou dans ses livres, elle embrasse les enfants, les animaux…tout ce qui possède quelque chose qui ressemble de près ou de loin à un visage. Et toujours, elle câline le petit Mattéo, page 6. « Oh, pauv’, pleu’ !’ ».

Et bien sûr il y a les vrais Autres.

Les Autres, dehors. Chaque soir sur la route de la boulangerie, c’est festival. A chaque passant qu’elle croise, elle s’arrête, sourit de toutes ses dents et dit « Coucou! ». Alors l’Autre souvent s’arrête et lui sourit, ça la fait sourire à nouveau avec son petit nez froncé. Et si l’Autre décide de se baisser pour se mettre à sa hauteur, elle se met en tête de lui raconter mille chose à grand renfort de gestes. Il y aussi ceux qui se mettent à sa hauteur et lui prêtent les clés qu’ils ont dans la main, elle joue deux minutes avec et puis les rend. Ou bien il y a ces Autres qui sourient sans s’arrêter mais qui la regardent longtemps sur leur route et alors elle les suit en trottinant et, comme pour les pigeons, mime le bisou.

Elle suivrait n’importe qui.

Sauf les moustachus. Là par contre, c’est peine perdue. A 7 mois lors d’une fête de famille, un oncle moustachu lui a fait peur en l’approchant avec sa grosse voix et depuis, les moustaches et ma fille, c’est une histoire très compliquée.

Elle a un penchant assez marqué pour les enfants, et surtout les bébés. A chaque poussette, il faut aller toucher le copain ou la copine, essayer de l’embrasser. C’est ainsi qu’hier soir lors de la fête de la musique, on l’a vue enlacer un petit de son âge ou pas loin, et l’embrasser, et lui caresser les cheveux, et poser sa tête sur son épaule Nous à une table de bar, les parents du petit aux tables un peu plus loin. Et ces deux petits bébés là, au milieu de la chaussée piétonne pour l’occasion, il était 18h il n’y avait encore personne…ces deux bébés qui étaient là et se tenaient serrés l’un contre l’autre.

Et puis ils sont partis et Lou a soufflé des bisous en disant « Avoua, avoua! ». Une fois le petit hors de vue elle est allée dire bonjour aux tables voisines. Nous sommes restés ainsi en ville jusqu’à 22h, et elle n’a cessé d’aller rencontrer tous les gens qu’elle croisait, infatigable. Et quand justement, elle a été fatiguée, elle a demandé une tétée et « Po’ter, po’ter! »

Alors quand je vois tout ça, je souris parfois.

Je souris parce que souvent depuis sa naissance, on m’a promis l’enfer en me disant qu’à force de portage et d’allaitement, j’empêcherais ma fille de se sociabiliser correctement, que ce serait un frein à sa vie en collectivité.

Bien sûr. Tu parles d’un frein. Sacrément desserré!

Même pas peur.

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