Censurée (ou pas)

L'humeur du jour > Materner au quotidien

Il y a une semaine, je suis tombée sur un article.

Edit: initialement se trouvait ici le lien vers le billet concerné. L’auteure étant passée ici pour annoncer qu’elle n’avait jamais reçu le commentaire, je ne peux que lui accorder le bénéfice du doute, vu que je ne suis pas dans sa boîte mail. Le fond de la discussion reste toutefois important et d’actualité, aussi je maintiens le billet en changeant légèrement son titre.

Et il m’est arrivé un truc nouveau depuis que je blogue. Autant dire que ça fait une paire d’année. J’ai été censurée. Censurée pour avoir tenté d’expliquer à la suite du dit billet la différence entre jugement et informations. Les commentaires étaient modérés à priori, je suis retournée plusieurs fois voir si le mien avait été approuvé, d’autres ont été postés depuis mais du mien, point de nouvelles.

Dans ce billet, l’auteure se demande entre autres remarques pourquoi les allaitantes viennent toujours ne faire qu’enquiquiner celles qui n’allaitent pas en commentant chez elles. Alors moi, j’avais pris 5 minutes pour expliquer que si certaines étaient complètement barrées et avaient le jugement bien lourd, il y en avait d’autres aussi comme moi, et comme tellement d’autres, qui tenaient simplement, lorsqu’elles lisaient des billets causant d’allaitement, à rétablir certaines vérités. Notamment quand, comme dans le billet cité, les erreurs sont nombreuses et véhiculant non pas des informations ou des éléments exacts mais uniquement les croyances tenaces qui nuisent à l’allaitement depuis des décennies, participant ainsi à la désinformation permanente sur le sujet et à l’illusion du choix qui touche tant de mères qui auraient peut-être pu vivre, ainsi que leur bébé, un allaitement heureux et épanoui si tant est qu’elles aient pu lire autre chose que des mensonges sur la question.

Le commentaire était un peu long, mais le ton courtois. Reprenant ici et là quelques passages du billet pour illustrer mon propos. Sans jugement aucun. Juste, un commentaire de mère allaitante qui connait un peu son sujet et qui s’attriste de lire, sur des blogs de femmes ne pratiquant pas l’allaitement qui plus est, des arguments de « défense du choix » issus bien plus de la croyance populaire que de la vérité scientifique.

Je suis de celles que la langue de bois contourne. J’ai lu de fausses informations, je les ai relevées, pensant naïvement que plutôt que de rester sur une position ignorante, cette bloggeuse accueillerait l’info. Non pas que ça lui ferait faire un autre choix, ce n’est ni la question ni l’objet de ma démarche. Mais qu’au moins elle reparte en ayant appris un truc. J’aurais rectifié une erreur sur un article traitant de la différence entre la crème anglaise avec et sans maïzena, m’est avis que la censure ne serait pas intervenue. Mais là, comme on parle d’allaitement…forcément dire « tu te trompes » revient à devenir une grosse vilaine extrémiste du nichon. Quel dommage.

J’espère toujours, naïvement, que les commentaires calmes et posés mais argumentés que je laisse ici et là serviront surtout aux futures mamans, encore en phase de questionnement. Pour qu’elles choisissent avec de vraies infos, pas avec des croyances erronées. Mais je me rends compte que j’ai bien tort. Finalement, je ne fais que perdre mon temps, et la mauvaise foi souvent rencontrée en face de moi me laisse penser que dans ce conflit débile sein/biberon, auquel j’essaye de ne jamais prendre parti en tant que militante fermée mais plutôt en tant que convaincue ouverte à la discussion, les vilaines méchantes ne sont pas toujours celles que l’on montre trop souvent du doigt. J’ai été censurée, ce n’est pas rien et ça en dit long sur l’état d’esprit de la discussion qui se déroule là-bas.

Je suis ouvertement pro-allaitement, et plutôt deux fois qu’une, j’informe le plus possible, je défends ce geste beau et naturel car je le vis au quotidien et que je crois très profondément en son utilité, en sa beauté, en sa vérité, et même en sa magie si j’osais aller aussi loin. Mais jamais on ne m’entends ici dire « han tu n’allaites pas? C’est pas bien ça tu sais ». Sur ma page facebook se sont déjà déroulés de nombreux débats sur la question. Pas un n’a dérapé comme on le voit si souvent ailleurs. Tout le monde discute tranquillement, les débats sont passionnés mais riches d’apprentissages, et je veille à ce que personne ne vienne faire un pet de travers. On discute entre adultes, ce que je pensais faire la semaine dernière en déposant mon commentaire sur ce blog, qui s’est finalement révélé à sens unique.

C’est moche la censure. Surtout quand elle n’est motivée que par la divergence d’opinion. C’est facile, en ce cas, d’orienter une conversation et de faire croire que tous les lecteurs sont d’accord et que ce qu’on dit est tellement vrai. Alors comme je suis bonne joueuse, je le remets là, mon commentaire. De la même manière que l’auteure a refusé qu’il soit visible chez elle, moi j’ai très envie qu’il soit visible chez moi.

« Comme ça a vite fait évoqué mon nom plus haut je me permets d’intervenir. Bon, pour ma part j’allaite ma fille, elle a 4 mois, c’est pas près de se terminer, etc etc etc, je suis ouvertement pro-allaitante (même si je vois pas bien comment on peut être « contre », dans le sens où on peut ne pas le choisir mais être « contre » ça me dépasse un peu dans le sens où c’est ce qui est prévu à la base…un peu comme si on était « contre » la grossesse ou « contre » le bras gauche…bref c’était une parenthèse), pour autant je suis assez connue dans le communauté que j’anime sur Facebook en rapport avec blog pour ne pas virer dans le prosélytisme et être plutôt ouverte aux discussions avec les femmes qui n’ont pas fait ce choix, pour
comprendre etc. Je ne juge pas. J’ai mes convictions, je les assume, j’en parle, mais je ne juge pas.

Par contre, j’informe. Ca passe souvent pour du jugement parce que ça énonce des choses qui ne font parfois pas plaisir mais pourtant ce n’est que de l’info. Par exemple, dans ton article tu dis « combien de femmes arrêtent par manque de lait ». Là je te réponds: fausse information. Le manque de lait est rarrissime et c’est certainement un pic de croissance non identifié qui a fait penser à la mère qu’elle n’avait pas assez de lait alors qu’il aurait suffit de quelques jours de tétées à volonté pour adapter la production aux nouveaux besoin. C’est inhérent au fonctionnement de l’allaitement.

Ou bien tu dis « parce que l’enfant ne prenait pas assez de poids ». Là encore, ce n’est pas la faute du lait. Le lait pas assez nourrissant est rarrissime, et identifiable uniquement sur analyse de laboratoire et non pas sur la seule étude d’une courbe de poids. Si un enfant ne prends pas de poids au sein, ce n’est pas la faute du lait mais d’un souci autour de l’allaitement (frein de langue trop court empêchant une bonne succion et donc tétée en quantité insuffisante, problème de déglutition…les raisons sont multiples, et les conseillères en lactation sont là pour les identifier et les corriger.).

On lira encore sur d’autres textes que l’enfant s’est sevré seul à 8 mois. Là encore, c’est faux. C’est l’introduction d’autre chose (notamment des biberons en allaitement mixte, ou des solides donnés trop vite en trop grosses quantités…là encore les raisons sont multiples) qui a provoqué un détournement du sein (or il faut se rappeler que sans les laits artificiels, les bébés seraient OBLIGES de téter jusqu’à ce qu’ils n’aient plus besoin du lait de leur mère, à savoir jusqu’à environ 3 ans).

Bref, il arrive donc que l’on me dise que je suis un peu extrêmiste de l’allaitement, que SI, tout à fait, un enfant de 8 mois peut se sevrer seul parce que c’est arrivé à une telle ou une telle…

Alors moi je ne juge pas, simplement je trouve ça dommage que l’on ne puisse pas rétablir des vérités sans se faire agresser et traîter d’extrêmiste, surtout que comme dit au début je m’attarde bien souvent à faire très attention à la façon dont je parle de ces choses là. Ce qui est triste dans tout ça, c’est que beaucoup sinon ENORMEMENT de femmes donnent le biberon en pensant que leur lait peut ne pas être assez nourrissant, que leur bébé ne prendra pas assez et qu’elles ne le sauront pas…je déplore juste le manque d’informations. Et que rétablir la vérité soit donc perçu parfois comme de l’acharnement. Ca n’en est pas.

Mais par exemple, moi si devais arrêter l’allaitement maintenant pour un souci quelconque, ça me rendrait malade. D’autant plus si les causes de l’arrêt étaient en fait contournables car réparables facilement sans passer au biberon. C’est aussi pour ça que les allaitantes commentent chez les biberonnantes. Pour informer de certaines choses, car si beaucoup font le choix volontairement du biberon, beaucoup d’autres le font par dépit ou parce qu’elles pensent qu’elles n’y arriveront pas. Et c’est quand même dommage autant pour elles que pour leur bébé. »

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